La Révolution française est un ensemble d’événements et de changements qui marque dans l’historiographie française le tournant entre l’« Époque moderne » et l’« Époque contemporaine ». C’est aussi la première fois, dans l’histoire de l’Europe depuis l’Antiquité, que le principe du régime monarchique a été renversé, et non simplement le monarque lui-même comme lors de la première révolution anglaise de Cromwell. Son impact est également dû aux Guerres de la Révolution française et de l’Empire qui ont touché une large partie de l’Europe continentale avec la création de « républiques sœurs » ou la fin du Saint Empire romain germanique. La période révolutionnaire commence en 1789, avec la réunion des États généraux et la prise de la Bastille, et se termine en l’an VIII du calendrier républicain (1799) avec le coup d’État du 18 Brumaire de Napoléon Bonaparte.
On peut distinguer plusieurs causes profondes à la Révolution française :
La crise des finances : le budget de l’État est déficitaire à cause des dépenses engendrées par les guerres du XVIIIe siècle et par le train de vie de la cour royale.
La contestation de la société d’ordres et des privilèges : les deux premiers ordres de la société française (clergé et noblesse) ne paient pratiquement pas d’impôts. L’essentiel de la charge fiscale repose sur le tiers état.
Les idées des Lumières, diffusées dans certains groupes sociaux favorisés (noblesse, bourgeoisie), posent les principes de liberté et d’égalité. Elles contestent la monarchie absolue. Le roi cède à l’immobilisme des ordres privilégiés et refuse les réformes nécessaires.
Les révolutions anglaises du XVIIe siècle et américaine du XVIIIe siècle donnent des modèles aux élites françaises (La Fayette notamment).
Les mauvaises récoltes de 1788 provoquent la hausse des prix et la spéculation qui déclenchent le mécontentement de la population.
Emergence et diffusion des idéologies nouvelles
Tout le système du pouvoir repose sur la monarchie qu’a constitué la France comme pays et comme État (agrandir le « pré carré » selon les capétiens). Cette monarchie a organisé un système administratif efficace, mais il a été développé en fonction d’une mentalité particulière qui se transforme en guerilla au cours du XVIIIe siècle. Le roi règne par délégation de Dieu ; la tradition monarchique s’inscrit dans le respect des traditions juridiques (coutumes) et des traditions familiales.
Cette monarchie repose sur le principe d’une union intime et concrète entre le roi et son peuple, le roi étant le représentant du peuple.
Ces bases du système politique vont être contestées et attaquées. Cette évolution va s’opérer en trois temps : (article en cours de rédaction, ce qui suit n’intervient en principe que bien plus tard dans l’article ! )
La philosophie des Lumières se diffuse pour de nombreux lecteurs de la moyenne et de la petite bourgeoisie.
Les thèmes subversifs de l’ordre établi se généralisent dans les années 1770-1780 avec le secours de l’« anglomanie » et l’influence de la découverte de la société libérale américaine (Guerre d’indépendance des États-Unis d’Amérique de 1770-1783), ainsi que le contexte français de rébellion des juristes, et notamment des Parlements contre l’autorité royale une première fois dans les années 1760-1770, puis les années précédant la Révolution.
La philosophie des Lumières prend le contre-pied de la condition que les Français avaient vécue pendant des siècles, que cette condition ait été le résultat d’une pensée, d’une volonté, d’une adhésion ou d’une résignation.
Le culte du progrès et de l’avenir s’oppose systématiquement à la tradition. L’Encyclopédie (Diderot) est un hymne au progrès technique (le thème du progrès technique est transposé dans l’ordre politique et social) et idéologique. Ces analyses s’opposent aux idées anciennes :
à l’ordre s’oppose la liberté ;
au devoir s’oppose le bonheur ;
à l’obéissance s’opposent les droits imprescriptibles et sacrés (notion qui se retrouve de plus en plus dans les textes royaux) ;
à la hiérarchie s’oppose l’égalité naturelle (Rousseau), qui doit conduire à un système politique nouveau : la démocratie et l’égalitarisme social. Il y a un climat de défiance vis-à-vis de tout ceux qui dépassent le niveau commun ;
de même, à la place des dogmes de l’Église se diffuse l’esprit de tolérance, même dans les textes royaux (par exemple, l’Édit de tolérance en 1787 crée le mariage laïc en faveur des protestants).
C’est un processus qui se développe en plusieurs étapes : 1er temps : sarcasmes contre l’Église sous couverts de lutte contre le « fanatisme », les libertins puis les philosophes vont se déchaîner contre les croyances, les pratiques et les principes de l’Église catholique. Ces élites, proches du pouvoir, sont presque entièrement détournées de l’Église. La monarchie se trouve indirectement atteinte et menacée en raison du lien pluriséculaire avec l’Église. Mais les masses restent attachées à la religion catholique, malgré une poussée de méfiance vis-à-vis du clergé. 2e temps : examen du système social et politique (période de Montesquieu) ; les actes royaux sont désormais critiqués, et on assiste à l’irruption de l’accusation de despotisme et même d’illégalité, notamment de la part des Hauts Magistrats qui se présentent comme les défenseurs du peuple. L’idée que le pouvoir souverain suprême réside dans la Nation apparaît. La loi n’est plus conçue comme une conséquence technique de dispositions créées par le Roi et la coutume est appliquée par les tribunaux mais comme une norme fondamentale créée par la volonté nationale.
Malgré tout, les Français de 1789 dans leur immense majorité n’imaginent pas une Révolution violente tout en espérant une réforme profonde de l’État, et ce dans un climat pacifique.
En 1788 a lieu la « Journée des tuiles de Grenoble » : les protestations des familles touchées par la catastrophe économique se multipliant depuis mai, ces agitations poussent la garnison à intervenir le 7 juin. Celle-ci sera reçue par des jets de tuiles lancées par les habitants de Grenoble montés sur les toits. Après la « journée des tuiles », une assemblée des trois ordres (noblesse, clergé, tiers état) se réunit au château de Vizille et décide la grève des impôts tant que les États Généraux de la province n’auront pas été convoqués par le roi pour les voter. En faillite et incapable de rétablir l’ordre, Louis XVI cédera en août 1788.
Le blocage du pouvoir
Les monarques (Louis XV et Louis XVI) ne sont pas restés insensibles face à la diffusion des idées nouvelles et à la multiplication des indices de transformation de la société. En conséquence, de nombreuses réformes sont imaginées pour rendre l’appareil monarchique plus efficace, pour adapter les structures anciennes aux aspirations nouvelles. La plupart de ces réformes auraient pu permettre une adaptation progressive mais les réformes sont mises en œuvre sans énergie. À cause de cette médiocrité, elles sont souvent abandonnées par les équipes ministérielles suivantes. La monarchie donne l’impression de ne pas avoir de dessein politique constant. Quelques exemples :
La Réforme Judiciaire du chancelier de Maupeou est abandonnée par Louis XVI.
La réforme sociale abolit le servage en 1779, mais uniquement pour le domaine royal. Louis XVI n’ose pas étendre cette mesure aux seigneurs laïcs et ecclésiastiques.
Réforme économique : Turgot voulait supprimer les corporations et la corvée royale. Il voulait instaurer la liberté de circulation des grains. Cette réforme est instituée, mais son renvoi en 1776 marque l’abandon de la réforme et le retour au système ancien.
Réforme fiscale : depuis le XVIIe siècle, des impôts nouveaux qui pèsent sur tous, quel que soit l’ordre, s’ajoutent aux impôts anciens. De 1695 à 1701, est mis en place la « capitation », qui est un progrès essentiel vers l’égalité fiscale : les Français sont répartis en 22 classes, avec au sommet les princes de sang et au plus bas les journaliers. La charge fiscale varie de 2000 £ à 1 £ par an en fonction de la classe, mais la monarchie va autoriser le rachat forfaitaire de l’impôt par le clergé, les villes, les corporations, les pays d’État et la noblesse. En 1749, est créé le « vingtième » qui frappe tous les revenus (1/20e du revenu). Mais la monarchie cède le rachat en 1760. Cet exemple des réformes fiscales montre deux phénomènes :
La monarchie ne suit et ne peut maintenir une ligne politique.
La monarchie est confrontée au manque de ressources fiscales.
Toutefois, la pression fiscale est assez faible par rapport à d’autres pays (1759 : France 9,5 £ en moyenne par habitant et par an ; Angleterre : 22,30 £ en moyenne par habitant et par an).
(article en cours de rédaction, ce qui suit n’intervient en principe que bien plus tard dans l’article! )
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